Teepso : Rencontre avec un objet musical non-identifié…
A l’issue d’un travail de deux ans dans l’ombre de son mémoire, Teepso vient de pointer le bout de son nez avec un album incroyablement riche. Unifying Principle associe la diversité artistique et la recherche expérimentale pour un résultat aussi déstabilisant qu’enivrant. Rencontre avec un objet musical non identifié : Teepso.
18 titres et une exploration sans limite des genres électroniques, de la Techno à la Jungle en passant par la Glitch ou le Future Beats. Le tout avec une bonne dose d’expérimental.
Chaque track raconte une histoire différente, tantôt agressive, tantôt calme mais toujours lancinante. On est allé à la rencontre de ce producteur aux mille facettes qui est resté discret pendant toute sa période d’études et qui se prépare à percer au grand jour !
Salut Teepso, on vient d’écouter ton album et… à vrai dire on perd un peu nos mots. Il est ultra riche avec des moods qui diffèrent totalement d’une track à l’autre. Qu’est-ce que tu voulais exprimer en faisant cet album ?
Exactement ce que tu viens de dire. Le but était surtout de faire découvrir de nouveaux horizons, de nouvelles possibilités encore peu explorées. Le tout dans une ambiance froide et mélancolique, ordonné et désorganisé, ce qui pour moi résume plutôt bien l’année 2020.
Tu as travaillé combien de temps dessus ?
2 ans, la durée de mon master en Musique et Informatique Musicale. Mais les années précédentes ont été déterminantes concernant mon processus créatif, mes inspirations et mes ambitions.
« Mes créations ont autant inspiré mes recherches que mes recherches ont pû inspirer mes créations… »
Au fil des tracks nous vivons un vrai hommage à la musique alternative et ses plus beaux genres : techno, glitch-hop, ambient, drum & bass… cela reflète tes inspirations ?
Je ne sais pas si l’on peut appeler cela un hommage, je n’avais encore jamais pensé à ce terme pour parler de mes projets… mais oui mes inspirations principales sont pour moi le top des musiques expérimentales : Pierre Schaeffer, Arnold Schönberg, Bjork, Amon Tobin, Jean Michel Jarre, Alon Mor, Aphex Twin, Igorrr, Hybris, Woulg, Max Cooper… et j’en passe ! Bref j’écoute énormément de choses différentes.
Cet album est le résultat de ton mémoire, comment l’examinateur / le jury a réagi à l’écoute de tes productions ? As-tu rédigé un dossier explicatif ou quelque chose de la sorte ?
Mon directeur de recherche était très satisfait, j’attends un retour plus élaboré de la part du directeur de la formation, qui était aussi un de mes professeurs de composition.
Pour la rédaction, j’ai fait ce que l’on appelle un mémoire « recherche et création ». C’est à dire que mes créations ont autant inspiré mes recherches que mes recherches ont pû inspirer mes créations… Théoriser et comprendre les musiques qui me tiennent à cœur m’a permis de prendre du recul et de voir une certaine ligne directrice dans ma manière de penser et donc dans ma musique.
« Y’a des journées où mes idées sont claires et je compose vite, d’autres jours où je passe 3 heures sur une snare ou un kick car je ne trouve pas ce que je veux. »
Comment décrirais-tu ton processus créatif ?
C’est le bordel ! J’ai tendance à m’éparpiller, j’ai une idée et d’un coup j’aperçois pleins de possibilités que je commence à construire et puis en fait non je veux autre chose et je n’arrive pas à choisir. Une fois que j’ai tous les éléments dans une track, là j’essaye de faire un tri, pour nettoyer le spectre car sinon y’a souvent trop de sons qui jouent en même temps (lol). Mes meilleurs projets ont été fait en quelques heures seulement, mais cette vibe n’est pas toujours évidente à choper. Y’a des journées où mes idées sont claires et je compose vite, d’autres jours où je passe 3h sur une snare ou un kick car je ne trouve pas ce que je veux.
Dans cet album on découvre un nouveau style que t’appelles Jungle Techno, est-ce ta création ou un cocktail d’inspirations ?
Le style est question est plutôt « Technoïd ». La Jungle Techno ou Hardcore Jungle sont les termes utilisés au moment de la naissance du genre jungle. La Technoïd, c’est un mélange d’inspiration mais c’est surtout née grâce à Extraction de Hybris en 2016. Cette track est pour moi la première à jouer un rythme techno aussi complexe en utilisant les techniques de production de la Neurofunk. Quelques-uns s’en sont déjà approché avant lui, mais cette track a été une révélation : ce mélange entre techno et drum’n’bass était devenu un objectif. À partir de là, avec de très proches amis et collaborateurs, on s’est mis à appeler cela de la Technoïd. On a juste mis une étiquette sur une variante de la drum’n’bass. Après, de mon côté, j’ai décider de mélanger un peu plus les choses avec tout ce qui me tient à coeur.
On retrouve une bonne touche expérimentale dans tes productions, est-ce ta vision de l’art ?
Clairement ! L’art est un ensemble d’expériences. Les techniques utilisées dans un art naissent à partir d’expérimentations, de tests, d’erreurs et de corrections. Nous sommes à un stade de l’humanité dans lequel presque tout existe. En musique comme dans de nombreux domaines, il y a tellement de genres et de sous-genres que le seul moyen d’innover est peut-être de faire un melting pot de tout ce qui existe en trouvant les bonnes combinaisons.
Quels sont tes prochains projets ?
Heu… beaucoup de choses ! La fin de mes études et la publication de cet album sont le point de départ d’une nouvelle étape dans ma vie. Donc musicalement, on va passer au niveau supérieur avec plus de rigueur et surtout, des collaborations qui s’annoncent épiques. Et bien sûr, d’autres remixes sont déjà en cours !
J’ai aussi beaucoup d’idées pour des montages vidéo et de l’animation 3D, mais la musique passe avant tout. Chaque chose en son temps.