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LA PÉPINIÈRE

Photo de Maxime Dangles

Se réinventer avec brio après 15 ans de carrière : rencontre avec Maxime Dangles

Après quelques temps à l’ombre des radars, un des vétérans de Skryptom Records et de la scène musicale électronique française, Maxime Dangles, sort du silence afin de nous livrer un album radicalement différent de ce que l’on pourrait attendre d’habitude de ses sorties.

 

L’opus se révèle être un véritable océan de mélodies, brassant à la fois des évocations personnelles, des harmonies intimistes et une mélancolie suave. A la croisée des genres tels que l’IDM, la techno, l’indietronica, le Future Garage et la Dubstep rappelant Burial et Volor Flex sur « Gigi » et l’ambient, c’est sans doute le travail le plus abouti de l’artiste, celui qui le représente le plus. Nous l’avons rencontré pour discuter de ce long format unique et aux inspirations diverses.

 

La Pépinière : Hello Maxime, on est très content que tu aies pu trouver du temps pour répondre à nos questions, pour ceux qui ne te connaissent pas encore, pourrais-tu te présenter en quelques phrases ?

Maxime Dangles : Hello, j’habite dans la Drôme, non loin de Valence. J’ai la chance de vivre fièrement de ma musique depuis près de 15 ans maintenant. J’ai plusieurs cordes à mon arc. Je fais donc de la musique électronique, je suis sound designer pour quelques marques de synthétiseur, et il m’arrive de plus en plus de créer des installations sonores interactives, et je suis depuis peu, “Ableton Certified trainer”. Yeah !

 

Pour reprendre un peu ton parcours depuis le début, comment s’est faite la connexion avec Skryptom Records et comment a-t-elle évolué depuis tout ce temps ?

J’ai rencontré Antoine (Electric Rescue le boss du label), au tout début de ma carrière par l’intermédiaire de Paul Nazca (Boss du label Scandium à l’époque). On s’est tout de suite dit qu’on allait vivre une grande histoire d’amour tous les deux, hahaha. C’est comme s’il fallait qu’on se rencontre. C’est plus fort que la musique en fait. Et avec le temps les choses ne font que de s’amplifier. On a vécu tellement de choses passionnantes avec Antoine et les artistes du label : les Skyptoms collectives, la Skyptobox, les premiers albums sur le labels, et Chanfleury le premier album sans track techno (pour un label techno c’est ambitieux quand même). Antoine m’a déjà dit plusieurs fois que j’étais le déclencheur de pas mal d’actions au sein du label. Ça me touche beaucoup mais je pense surtout que je le mets parfois en confiance : qu’il a la main au-dessus du bouton et que moi j’appuie sur sa main. C’est en tout cas très rassurant d’avoir dans ma vie un ami et une famille comme celle de Skryptöm.

 

C’est ton deuxième album ou plutôt ton deuxième long format, est-ce que ton process de production de ce type de format a changé depuis 6 ans ou est resté le même ? Comment s’est déroulé la production de l’album ?

Le processus à pas mal changé, j’ai beaucoup travaillé avec mon ami de longue date Stéphane qui tient le studio Push Up the Audio. Vivre de la musique c’est un rêve éveillé, mais j’en ai marre d’être seul dans mon studio. Je prends de la bouteille et après ‘Résilience’ sorti en 2015 j’ai pris vraiment conscience que seuls les souvenirs comptent. Le reste est superflu.

Cet album aurait pu sortir en 2018 quasiment tel qu’il est. Il était prêt ! Je l’ai d’ailleurs pas mal défendu sur scène entre 2016 et 2020 car à la base cet album est un live 100% modulaire créer pour le festival Astropolis en 2016.

 

 

Mais j’ai voulu prendre le temps (bon ok, du coup j’en ai trop pris la…). En fait je voulais surtout pouvoir le défendre sur scène sous un autre angle, avec mes amis musiciens, on était prêts aussi hahaha !

 

 

La crise sanitaire en a décidé autrement. Il a fallu s’adapter, j’ai hésité. Et là mon ami Antoine a su me dire les mots justes. L’hésitation pour un artiste, ça fait du mal… Donc Chanfleury est un tremplin vers le 3eme album qui sortira plus rapidement !

 

Si on connait un peu ton travail sur les releases précédentes, on peut être un peu surpris à l’écoute, comment s’est établi ce virage vers quelque chose de moins orienté vers le dancefloor et de plus intimiste ? Quels messages as-tu souhaité faire passer à travers cet opus ?

C’est peut être plus intimiste, je ne sais pas. Mais je ne pense pas qu’il soit moins orienté dancefloor. Mon avis est que l’on peut très bien danser sur une musique moins binaire, avec moins de distorsion, un BPM plus raisonnable et des sonorités qui ne soient pas eurodance…

Je fais exprès de prendre des gros raccourcis pour dire que je ne suis simplement plus du tout en phase avec les sonorités actuelles (surtout en ce moment, c’est horrible !). J’ai l’impression qu’on tourne en rond dans la techno depuis un bon moment. Ça ne m’empêche pas de m’éclater avec les copains quand on joue pour Mod4rn. mais seul j’avais envie d’autre chose.

 

« J’ai l’impression qu’on tourne en rond dans la techno depuis un bon moment. »

 

Simplement, j’ai des inspirations. Parfois elles sont techno, et parfois elles sont complètement différentes. Il est donc normal que cet album soit différent. Resilience sorti en 2015 annonçait déjà cette envie de changement.

 

L’album est composé entièrement de tracks avec des noms propres, parfois des lieux de la proche banlieue comme le Parc de Sceaux, ou des choses plus difficiles à deviner… Toutes ces dénominations représentent quoi pour toi ?

Ça me fait marrer de conceptualiser un projet ! Donc pour un album, il me faut une espèce de cohérence dans les titres. Comme cet album est issu d’un live, j’ai du trouvé le concept après sa production. Des raisons personnelles m’ont donc amené à parler de ma jeune enfance, 5 belles années en région Parisiennes avec ma mère et ma grand-mère (mamie Gigi). Les titres évoquent donc essentiellement des lieux dans le 92 et la musique colle complètement à ceux-ci.

 

On peut également voir que beaucoup d’artistes ont pu participer aux opus de remix de l’album, notamment le néerlandais Remco Beekwilder, Arnaud Rebotini ou encore plusieurs compagnons de Skryptom Records… Comment as-tu eu l’idée de faire participer tous ces grands noms à revisiter tes morceaux ?

C’est une idée d’Antoine que j’ai évidemment beaucoup aimé ! Comme je le disais, Skryptom a une image plutôt techno pour le moment. Cela peut être risqué de proposer un projet sans cette puissance.

Or nous ne sommes pas une major, nous ne sommes pas fortunés, on respecte et on aime beaucoup trop notre terrain de jeux, donc on réfléchit et on évite de prendre de gros risques.

Et surtout on s’éclate, un remix album c’est trop cooooooool non ?!

J’ai de la chance, Antoine a tout de suite accepté mes propositions de remixeurs comme S8jfou, Xl.Iks par exemple. Nous avions aussi tout les deux très envie d’avoir des remixeurs d’univers bien différent comme Arnaud Rebotini, Peter Mannerfelt, Maelstöm… Et Skryptom, c’est la famille avec des super artistes, donc impossible de ne pas avoir de remix maison. On est hyper content d’avoir pris cette décision, qui est en plus, je trouve, est très généreuse. Les artistes ont assurés, merci les copains, et merci Antoine pour cette brillante idée !

 

« Ça me fait marrer de conceptualiser un projet ! Donc pour un album, il me faut une espèce de cohérence dans les titres. Comme cet album est issu d’un live, j’ai du trouvé le concept après sa production »

 

L’activité reprend petit à petit après un contexte assez particulier pour le monde de la culture… Qu’espères-tu dans l’avenir et quels sont tes prochains projets (personnels ou collaboratifs) ?

Album numéro 3, hahaha. J’ai tellement hâte de commencer cette histoire. C’est un rêve qui va se réaliser, travailler avec mes amis, de la création à la scène. Humainement ça va être fou. Quoiqu’il arrive on va ressortir de cette expérience avec tellement de souvenirs, j’ai trop hâte de vous raconter aussi…

A côté de ça, il y a le projet Sonars qui me tient beaucoup à cœur et qui va me prendre pas mal de temps aussi.

Sonars, c’est une rencontre Art Science, un projet long terme avec des chercheurs aux grands coeurs (laboratoire Bebest à Brest), des artistes complètement dingues (Lobster Crew représente), un lieu d’expérimentation sans fin (la Carène a Brest)… On a déjà fait plein de choses ces dernières années : https://sonars.io/

Et il va se passer beaucoup de choses en 2021-2022 : en collaboration avec l’artiste visuel Dylan Cote, j’ai eu l’honneur de présenter “ECOSYSTEME” à la Société des Arts Technologiques à Montréal. 

Cette œuvre immersive sous dôme a été diffusée tout l’été et très bien accueillie par les visiteurs et la presse. Comme la certification Ableton c’était un life goal de travailler et de présenter quelque chose à la SAT. J’en suis tellement heureux !

L’album de mon ami François Joncours en lien avec Sonars va sortir très prochainement, il y aura une exposition à Rennes courant décembre, de l’expérimentation sonore avec le jeune public de Saint-Pierre-et-Miquelon en mai, de la création à Rimouski en Juillet, une restitution à Montréal en Octobre…. Ouais, vivement !

 

Propos recueillis par Jules Oursel.

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