Elemento Records : Rencontre avec le nouveau label breton qui vient bousculer les diktats…
En Février est sorti la VA du label breton Elemento Records, ambiance techno, dancefloor et underground. Le projet nous a mis une véritable claque, nous avions envie d’en savoir davantage sur ce collectif 100% féminin, leurs ambitions mais surtout leurs revendications très actuelles. Léna, membre fondatrice d’Elemento Records, nous a fait le plaisir de répondre à nos questions !
La Pépinière : Bonjour Léna, tout d’abord, peux-tu présenter Elemento Records ?
Léna : Hello, alors Elemento Records c’est à la fois un label de musique électronique et un collectif artistique multidisciplinaire. L’ADN du projet est la lutte pour l’égalité femmes/hommes et l’inclusion des personnes trans et non binaires dans la culture. À travers les 4 activités que sont la production, le booking, l’organisation d’événement et l’accompagnement artistique, on veut donner un maximum de visibilité et crédibilité aux artistes que l’on produit et soutient.
« Le talent existe partout et n’est pas genré, il suffit de donner de la visibilité et de tendre la main aux artistes. »
Dans ce collectif, quelle est ta fonction ?
J’ai plusieurs casquettes dans le collectif, je suis à la fois membre fondatrice, chargée d’administration, production et également artiste. Il faut savoir qu’on bosse quasiment toujours en binôme et que sur bon nombre de questions, on fonctionne en groupe, tout le monde peut donner son avis.
En Février vous avez sorti « When the lights go down » , votre première VA en tant que label, c’est un projet 100% féminin. L’inclusion et l’égalité dans la musique électronique étant un des enjeux du label, quel est le message que vous voulez transmettre à votre communauté ?
On veut briser la glace et montrer que la musique n’est pas masculine, le talent existe partout et n’est pas genré, il suffit de donner de la visibilité et de tendre la main aux artistes. Il y a d’ailleurs bon nombre de projets qui émergent pour montrer la multitude de talents féminins qui existent déjà. Aussi, n’hésitez pas à vous lancer, ne vous mettez pas de barrières à la production ou au mix… et si vous ressentez le besoin de trouver de l’appui, contactez les collectifs comme nous qui seront bienveillants pour vous conseiller et vous faire avancer.
On veut aussi prouver que les styles eux-mêmes ne sont pas genrés, on peut tout autant faire du hard….. la prochaine compil en témoignera !
Le fait d’exister en tant que label c’est une volonté qui était présente depuis longtemps au sein du collectif ?
On a créé le collectif et le label au même moment. L’idée est venue de Charline en Août puis on a bossé pour monter le projet dans son entièreté et réunir toutes les forces vives. Il n’y aurait pas de collectif sans label et pas de label sans collectif. L’idée d’être actives à 360°, c’est aussi de militer pour la parité sous tous les angles, de la production musicale à la diffusion de spectacle.
Est ce qu’on peut dire que cette démarche est venue en partie à cause de la situation sanitaire actuelle ?
Ce n’était pas directement lié mais on est plutôt contente d’avoir le label effectivement dans cette période de crise car ça nous permet de nous lancer avec une activité concrète. Mais on a d’autres idées pour être dynamiques sans pouvoir recevoir du public, vous verrez ça dans les prochains mois….
D’ailleurs, pourquoi ce titre « When the lights go down » ?
Ce titre c’est Emilia qui l’a trouvé. Il évoque à la fois la luminosité et les couleurs grâce au mot “lights” et fait directement écho aux esthétiques Trance, Acid et Rave des productions, mais avec un ton un peu triste puisque ces lumières, celles des scènes sont éteintes, d’où le “go down”…. On voulait un titre en rapport avec l’esthétique de la VA mais aussi passer un message.
« Quiconque souhaite danser, faire danser ou faire la fête est directement pointé du doigt comme une personne malveillante, égoïste ou rave-olutionnnaire. »
Considères-tu que la musique doit avoir une place dans la vie politique ?
J’ai toujours pensé la musique et la fête de manière politique, ou du moins revendicative. C’était un choix de ma part, mais aujourd’hui ça semble imposé à tout le monde. Quiconque souhaite danser, faire danser ou faire la fête est directement pointé du doigt comme une personne malveillante, égoïste ou rave-olutionnnaire.
Et pour répondre d’un autre angle à ta question, oui les politiques doivent nous prendre en considération (et pas avec sidération lol) !
En tant que co-fondatrice du collectif, quel serait ton projet de rêve avec Elemento Records ?
J’aimerais parvenir à organiser un festival qui réunit toutes les disciplines artistiques sur plusieurs jours, sous le signe de l’inclusion et du partage avec différents publics, des ateliers de création, de prévention et des rencontres et débats sur des sujets qui nous tiennent à cœur. Ça serait un joli aboutissement… ou le début d’une aventure de dingue !
Qu’est ce qui nous attend en 2021 avec Elemento Records ?
Concrètement on a une seconde compilation qui sortira courant Mai : EBM to Hardcore, ça devrait en secouer plus d’un.e !
Et comme je disais au-dessus on a des projets sans public donc plutôt audiovisuels qui devraient voir le jour au printemps et en été et sinon on a pas mal d’options et d’idées pour des événements sur la période estivale…. A voir comment les restrictions évoluent mais on est sur les starting block.
Propos recueillis par Victor Le Jamtel.