« J’ai pris mon courage à deux mains, ruiné mon compte bancaire plusieurs fois en investissant tout ce que j’avais pour des projets qui me tenait à cœur » : interview avec Romain FX
Nous vous invitons aujourd’hui à en apprendre plus sur Romain FX, fondateur de l’iconique Fauve Radio. À l’occasion de la sortie de son dernier EP “Convention of Love” sur le label irlandais Polari Records, l’artiste français se livre à La Pépinière, sur sa relation avec la musique, ses projets et sa dernière sortie.
La Pépinière : Dis-nous qui tu es et comment tu en es venu à la musique ?
Romain FX : Par où commencer… Alors, je n’ai jamais trop eu d’influences musicales étant jeune, je ne peux pas dire que je fais partie de ceux qui ont eu la chance de baigner dans la musique car un de leurs parents était musicien ou DJ. Mais je le prends comme un avantage, car j’ai pu créer ma propre culture, sans avoir d’influence « forcée » autour de moi.
Je voyageais énormément étant jeune, je changeais souvent de pays et d’école, où je ne parlais pas la langue au début, du coup la musique pour moi était mon échappatoire personnel, je passais donc des heures à chercher de la musique – c’était mon langage universel.
La vie t’a ensuite mené à fonder Fauve Radio à Hong Kong c’est bien ça ?
J’ai grandi à Hong Kong pendant 20 ans car j’ai emménagé avec mes parents en 2000. Ensuite dès un très jeune âge je me suis lancé dans le DJing vers 16 ans et j’ai commencé à jouer dans des bars étudiants, à commencer à faire mes propres soirées avec un collectif de potes (Cliché), ensuite tout seul à monter un mini festival sur les grattes-ciel de HK (Roofest) puis un plus gros festival avec Florian de FuFu Records et La Mamie’s (Shi Fu Miz). On avait des amis qui allait ouvrir un club (宀 Club) du coup je me suis dis que la pièce manquante pour la scène à Hong Kong était une radio indépendante, que j’ai monté dans le shop/galerie d’art: Mahka, géré par Maguelone.
Et bien sûr, comme j’en avais pas assez, j’ai décidé de lancer un magasin de disques (The Pharmacy) et un label (Fauve Records), et je passe beaucoup de détails entre, car c’est trop long ! Mais voilà vous avez la progression dans l’ordre au moins et je vous laisse découvrir tous ces beaux projets.
« Ce que je trouve magnifique avec les webradios, c’est cet univers qu’on se crée, où aucune frontière physique existe entre les pays. Tu peux collaborer avec qui tu veux dans n’importe quel pays. Pour moi c’est le futur de la scène, cette connexion n’a jamais été aussi facile qu’aujourd’hui. »
Que penses-tu de la place des webradios dans l’industrie de la musique électronique ?
Je trouve que les webradios jouent un des rôles les plus importants dans la scène d’aujourd’hui, c’est ce qui nous a tous sauvé je pense durant cette pandémie. On est des diggers de talents. Notre rôle est de dégoter et de laisser la chance à plein de nouveaux DJs ou vieux DJs oubliés, pour leur donner une visibilité et de laisser le public juger de leur qualité et leurs talents en tant que DJ ou artiste.
En plus de ça, nous permettons aussi un support de visibilité pour qu’ils aient davantage d’opportunités de jouer dans des plus gros événements, clubs ou festivals. Et le fait que l’échange (pour la plupart) est purement par passion et sans engagement financier, cela enlève un gros poids sur la pression de l’industrie musicale qui commence à pourrir un peu à cause de son succès mondial via l’EDM.
La deuxième chose que je trouve magnifique avec les webradios, c’est cet univers qu’on se crée où aucune frontière physique existe entre les pays, tu peux collaborer avec qui tu veux dans n’importe quel pays. Pour moi c’est le futur de la scène, cette connexion n’a jamais été aussi facile qu’aujourd’hui. C’est la connexion musicale sans frontière à l’état pure, d’où pourquoi je me motive à continuer ce projet, même si la disponibilité de temps commence à se faire très rare a cause de tous mes projets et ma carrière. Heureusement, j’ai toujours les membres de l’équipe qui sont présents pour m’aider et maintenant des nouveaux chatons qui m’aident énormément comme Thibault de chez Combo Bongos. J’ai aussi une équipe basée au Japon constituée de Shotaro, Valentin et Chris et bientôt un équipe au Portugal.
Animé par la musique, tu as travaillé sur de nombreux projets, tu peux nous parler de ce désir qui te porte chaque jour ?
Pour être complètement transparent, tout a commencé quand j’ai fait mon premier été au McDonald’s. Cette expérience a été mon élément déclencheur, quand j’ai vu des employés qui travaillaient là-bas depuis 15 ans, j’ai compris qu’il fallait que je fasse tout pour ne pas me retrouver à leur place dans 15 ans. vec et j’ai charbonné comme mes parents me l’ont apprit. Les rêves peuvent arriver, mais il faut s’en donner les moyens, ça ne tombe pas du ciel, c’est de la persévérance, du courage et de l’aide de sont entourage.
Pour ce qui est des projets futurs, j’aime toujours me challenger, aller dans l’inconnu et prendre des risques. Et mon prochain challenge c’est une performance live que je bosse avec acharnement en ce moment, une date sera bientôt annoncée et ensuite une tournée Europe et Asie (si Mr. Le Covid nous laisse voyager cet été). Ensuite mon debut album sera ma prochaine priorité et plein de gigs que j’ai hâte d’annoncer mais que je dois encore garder secret pour un petit moment.
Concentrons-nous maintenant sur ton projet perso et ta dernière sortie. Quelle est l’histoire derrière ‘Convention Of Love’ ?
J’aimerais bien avoir une histoire de dingue à vous raconter, mais ça ne se passe pas toujours comme ça, cette EP s’est fait assez naturellement. Cormac qui gère Polaris joue mes tracks depuis un petit moment et un jour m’a demandé des démos, il a choisi les tracks qui lui parlaient le plus et voilà.
La track phare “Convention Of Love” a quand même une belle histoire, j’ai beaucoup travaillé sur celle là, je voulais créer une track avec des influences indiennes dedans, je voulais qu’elle soit raw et rave et je voulais des voix de filles d’origine indienne qui chantent dessus avec des messages assez forts. Je sais pas si vous connaissez un peu la culture indienne mais les femmes du pays sont utilisées comme des objets et je voulais, par cette chanson, démontrer la liberté de parole, les paroles de la chanson disent des choses comme: “l’extase est la vérité, l’euphorie fait l’unité, la politique de la danse, la guerre avec les harmonies et les combats avec des jeu de jambes ».
Ayant Cormac qui joue un grand rôle dans la scène LGBTQIA+ et étant un régulier au Panorama Bar, cette track a tout son sens sur son label.
Pour ce qui est du côté technique, comme vous pouvez l’entendre, beaucoup de percussions ont été utilisées pour cette track. C’est construit principalement de rip vinyl de percussions indienne de ma collection et aussi de mon Roland HDP10. Pour les voix, comme il y a 4 chanteuses c’était très compliqué de faire marcher les intonations et les différents types de voix ensemble, ma session a crash plusieurs fois avant de pouvoir tout exporter à cause des 70 pistes qu’il y avait entre percussions et voix.
Tu es de retour en France depuis quelque temps, si nos lecteurs tombent sur toi qu’est-ce qu’ils peuvent attendre de tes sets ?
Je joue très rarement les mêmes musiques et aussi rarement mes propres productions, d’où pourquoi je travaille sur la performance live car je veux vraiment différencier les deux, je suis autant DJ que producteur mais je suis pas DJ pour jouer mes productions, if you know what I mean.
Donc attendez vous à des surprises musicales, car je dig très profond dans la sphère musicale et j’adore trouver les perles rares et oubliées pour ensuite connectées les genres musicaux ensemble, comme un collage géant. Et parfois, je fais des soirées à thème, comme ma prochaine date au Mazette à Paris le 25 février, le thème va être Hong Kong, donc apprêtez vous à découvrir la sphère cantonaise, que je dig depuis plus de 15 ans.
Une pépite diggée à partager pour conclure cette interview ?
Pour rester dans le délire musique cantonaise et pour donnez un avant-goût de la fête (j’ai une autre version en vinyle, elle n’existe pas sur internet malheureusement, mais celle la est déjà très cool).
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