La Pépithèque #35 – Plaisantin
Aficionado de vinyles et étudiant dans l’audiovisuel et le son, Plaisantin prend vie derrière les platines comme un savant fou qui expérimente et qui s’amuse au fil des beats. Le jeune digger Tourangeau fait partie de ces artistes dont le talent et l’énergie sont les moteurs d’un public qui recherche la bonne humeur. En plus de quelques morceaux signés en indépendant, il a réalisé ‘Super 7’ distribué en vinyle sur le label beLow et qui, on le devine déjà, est le premier d’une longue série.
La Pépinière : En quelques mots, qui es-tu ?
Plaisantin : Un fan de House au sens large, de vinyl, et de chemisettes à fleurs
Quelle est ton histoire musicale ?
Ma famille à toujours eu un lien très intime avec la musique, mon père est saxophoniste et accordéoniste depuis son plus jeune âge, et à toujours joué dans un groupe avec mes oncles et d’autres copains à lui. Ma mère elle collectionnait aussi des vinyles, et organisait même des petits événements qu’elle appelle encore modestement des “boum”, mais qui rassemblaient quand même régulièrement une bonne cinquantaine de copains, autour de deux platines vinyles, une grosse sono, et les dizaines de disques que chacun ramenait pour l’occasion. Dès mon plus jeune âge ils m’ont inscrit à des cours de guitare puis de piano, pour finir sur des cours de MAO, qui m’ont fait découvrir la musique électronique et le monde de la production.
En parallèle de tout ça, mon frère s’est lui mis à mixer. Il est vite devenu très bon DJ et grand digger, et m’a beaucoup inspiré. C’est d’ailleurs lui qui m’a emmené pour la première fois dans un disquaire, jour ou j’ai chopé mon premier vinyle (que je joue encore d’ailleurs), et jour où je suis tombé amoureux de ces galettes de pvc. Il était très actif à Nantes et me baladait à droite à gauche dans les soirées techno/EBM qu’il organisait avec son collectif.
En voyant ce qu’il faisait à Nantes, j’ai rapidement voulu apporter ça à Tours, ma ville natale. J’ai alors cofondé mon premier collectif en 2018 “Membrane” orienté Indus / EBM, avec lequel j’ai fait mes premières dates. Bien que j’adorais la House, l’énergie que dégageait la techno me faisait vibrer. C’est quelques années plus tard que le naturel est revenu au galop, et que la House a repris une place de choix dans mon cœur.
Avant de devenir Plaisantin tu jouais sous l’alias techno “Clément R”, comment expliques tu ce changement ?
Et bien à vrai dire même quand je jouais techno, j’ai toujours joué sous Plaisantin. Mais après un ou deux ans de mix techno, j’ai commencé à ressentir un réel besoin de me retourner vers la house. J’ai donc décidé de séparer les deux univers en créant ce deuxième alias “Clément R” pour l’identité Techno. Ainsi, il y avait Clément R pour la techno, et Plaisantin pour la House. Une sorte d’alter ego sans chemisette. Il m’est même arrivé de faire un All Night Long déguisé avec pour line-up : Plaisantin – Plaisantin B2B Clément R – Clément R ! (j’avais même fait une petite mise en scène lors du switch entre Plaisantin et Clément R où j’enlevais ma chemisette en même temps que l’ambiance lumineuse devenait plus dark).
Au final je me suis vite rendu compte que c’était la House qui me correspondait vraiment, j’ai donc tranquillement laissé filer Clément R pour me concentrer et m’épanouir avec Plaisantin. Mais cela dit je n’ai jamais non plus tourné le dos à la techno, j’aime justement beaucoup flirter avec la frontière house/techno lors de mes sets.
« Il m’est même arrivé de faire un All Night Long déguisé avec pour line-up : Plaisantin – Plaisantin B2B Clément R – Clément R ! »
Tu as une forte appétence pour le digging, tu as d’ailleurs animé une émission sur Radio Campus Tours ou tu partageais tes nouvelles découvertes. D’où vient cette curiosité et pourquoi aimes-tu tant l’entretenir ?
En effet pendant 2 ans j’animais “L’arrivage” sur campus, c’était une expérience super chouette ! Cette émission m’a beaucoup apporté musicalement et personnellement. En plus les gens là-bas étaient vraiment super sympa et me laissaient une belle liberté rédactionnelle sur les sujets / thèmes que j’abordais dans mon émission.
J’ai toujours été quelqu’un de très curieux de base (merci papa), mais je trouve que le digging a ce côté insatiable qui peut être frustrant, mais qui justement le rend addictif. J’ai maintenant pris l’habitude d’avoir régulièrement sur mon navigateur une ribambelle d’onglets Youtube et Discogs ouverts, et ce pendant des jours afin ne pas perdre le(s) filon(s) que je suis en train de suivre en quête de pépites. Le pire(mieux) dans tout ça c’est que j’ai l’impression de toujours trouver des tracks encore meilleures que celles du mois dernier !
Bien que j’ai pris pour habitude de chopper mes skeuds sur discogs majoritairement, j’adore dédier des après-midi à errer dans des disquaires. À Tours, j’aimais aller à Passe Passe Store, que je ne peux que vous conseiller si vous êtes dans le coin ! Depuis que je suis à Paris, j’aime les découvrir petit à petit, et passer le temps qu’il faut à explorer chaque bac d’un shop avant d’aller en visiter un autre, quitte à passer plusieurs mois à aller que dans un seul.
« Je ne saurais pas précisément qualifier les musiques que je produis actuellement. Encore une fois la base reste House, mais je prend vraiment plaisir à mélanger beaucoup d’influences en ce moment, et je trouve la musique électronique particulièrement belle pour ça. Elle est belle dans son côté permissif et libre : elle a cassé des codes pour créer les siens, et ça, je trouve ça magnifique. »
C’est quoi le dernier vinyle que tu as chopé ?
C’est un VA du label Peaches Records : “Colt 45 EP” (ma petite favorite c’est la A1 : Wooly & Krysko – Can’t Handle It)
Je l’ai chopé à Dizonord dans le 18ème ! On m’a beaucoup parlé de ce shop, et à juste titre ! je suis tombé amoureux de l’ambiance du lieu, de la diversité des bacs et de leur richesse. Il y a des chances que j’y rode de temps en temps..
Cette curiosité t’a amené à produire tes propre morceaux, peux-tu nous parler de ce processus ?
La production à un sens très intime pour moi. C’est un réel exutoire, et me permet d’extérioriser des pensées et des émotions, qu’elles soient joyeuses ou tristes. J’ai même un projet ableton qui s’appelle “journal intime », c’est dire !
Je ne saurais pas précisément qualifier les musiques que je produis actuellement. Encore une fois la base reste House, mais je prend vraiment plaisir à mélanger beaucoup d’influences en ce moment, et je trouve la musique électronique particulièrement belle pour ça. Elle est belle dans son côté permissif et libre : elle a cassé des codes pour créer les siens, et ça, je trouve ça magnifique.
Pour moi cette liberté me permet de ne pas rester cantonné à un style très précis et normé, mais pouvoir rallier à la House que j’aime à plein d’autres influences et sonorités différentes, ce qui me permet de ne pas enfermer ma musique dans un cadre connu et reconnu, mais justement l’ouvrir un maximum pour essayer de peindre un tableau sans bordures, bien que je ne soit que très peu manuel.
Actuellement j’ai quelques tracks en stock qui sont en phase de mix, dont une que j’ai eu la chance de pouvoir enregistrer acoustiquement en studio d’enregistrement. Peut-être que des sorties sont prévues pour 2022, ou peut-être pas, mais peut-être quand même.
Tu as d’autres projets dont tu aimerais nous parler ?
Continuer à faire de la musique, la partager, et danser ensemble !
(en vrai j’ai des projets dans les tuyaux mais je garde mes petits secrets)