La Sauterie #13 – Retour à Border City
Après deux mois de festivités continues, de sourires masqués, d’adaptations imprévues, Border City, bastion de la fête, lieu de vie post apocalyptique né d’une réalité dystopique ferme ses portes pour cocooner, avant, on l’espère… revenir de plus belle.
Retour sur neuf semaines d’événements éclectiques, d’effervescence locale mais aussi de grosses surprises internationales.
À situation inédite, concept inédit
« Une ville où tous les vices règnent en maître sur les cendres de notre civilisation. » Voilà comment se décrit Border City. Une présentation digne d’un film de science-fiction et qui n’a jamais résonné aussi réelle. Après plusieurs semaines de confinement liées à la crise sanitaire, une timide reprise de l’activité événementielle pointe le bout de son nez mi-juin. Avec des restrictions drastiques et des limitations de jauge plus que contraignantes, l’été s’annonçait morose.
Mais fin juin, l’association de deux mastodontes parisiens en la présence de Newtrack et BNK annonce une série de trois événements aux fameux Docks de Paris avec un Opening qui donne la part belle à la nouvelle génération avec Darzack et NTBR accompagnés du très bon résident Opak et du britannique Blawan. Une Line-Up qui annonce la couleur.
La suite ? 25 événements en moins de deux mois, le gratin des collectifs locaux convié et l’arrivée surprise de Dure Vie qui est venu apporter sa touche house le dimanche. Bref, une sorte de festival complètement fou qui a redonné à tous les fêtards le plaisir et une joie estivale quasiment inespérés.
Border City est une ville ouverte d’abord trois jours par semaine puis quatre avec le soutien de Dure Vie. Chaque jour à sa spécialité et une programmation singulière. Les jeudis et les vendredis ce lieu atypique faisait appel à la solidarité locale en mettant à l’honneur des collectifs renommés et variés. Le samedi, c’est tartine et bavette, de la techno hard, rave, indus’ pendant 16 heures en moyenne. Bref, un carnage. Le dimanche Dure Vie assure l’atterrissage en douceur avec une programmation house qui étonne et qui détonne chaque semaine. En tout donc plus de 40 heures de déhanchages frénétiques, de basslines galopantes et de groove jubilatoire, près de deux jours par semaine qui vivent au rythme de l’électronique.
Jeudi : une entrée en douceur avec la crème locale
Border City le jeudi, c’est un afterwork aux allures de soirée. Après le travail ou pour pimenter ses vacances pour les plus chanceux, la ville de joie accueille les plus courageux fêtards pour annoncer le week-end. L’occasion de se retrouver autour d’une partie de molki ou allongés sur les transats. Avec pour bande son les meilleurs collectifs parisiens, Increase The Groove, Sœurs Malsaines, House of Underground, Déjà-Vu, Bande de Filles, Glittoris ou encore Nadsat. Une programmation résolument House pour accompagner une fin de semaine sur des vibes enjouées et endiablantes. Le décompressoire parfait d’une fin de semaine qui s’annonce agitée. Parce qu’on ne va pas se mentir, si la plupart des joyeux lurons viennent pour « juste une bière », bien souvent bière se conjugue avec Uber. On retiendra notamment le superbe set de Yencli 3000 lors du passage d’Increase The Groove.
Vendredi : on prend les mêmes et on recommence
Après le tour de piste du jeudi soir, Border City intensifie sa programmation le vendredi sur un format plus long. Que ce soit sous le signe de la House ou de la Techno le son est plus puissant, plus énergique mais avec toujours en faisant appel à des collectifs locaux comme Vryche House, Déjà Vu, Château Perché, Camion Bazar ou encore Distrikt.
De belles affiches et une excitation plus forte avec toujours autant de sourire et une ambiance bon enfant. Les différents stands posés à l’extérieur des Docks contribuent pour beaucoup à cette atmosphère décontractée, que ce soit le karaoke (qui a particulièrement bien marché) les stands paillettes, le baby foot ou les food trucks, ce sont tout autant de petits détails qui font la puissance d’un décor et contribuent à l’ambiance de ce lieu atypique.
Samedi : Mad Max n’a qu’à bien se tenir
Le moins que l’on puisse dire c’est que le samedi à Border City ça tartine d’entrée, une programmation full techno. AZF, Von Bikrav, Shlomo, Lacchesi, Manu Le Malin, Mayeul, I Hate Models, David Asko, Illnurse pour ne citer qu’eux, et Dieu sait que la liste pourrait être bien plus longue. A la lecture de ces noms on sait tous que ça ne va pas tourner autour du pot et que ça va claquer sec. La DA chez Border City est « assez limpide » comme nous l’a confié Antoine de Newtrack et co-fondateur de Border qui pense la ligne artistique main dans la main avec BNK. « C’est comme deux gros lards au resto qui aiment tout. – T’aimes ça ? – Ah ouais j’adore ! Et toi t’aimes ça ? – Ah ouais grave ! ». Bref, c’est une belle osmose qui a permis à ces deux organisateurs de concocter des programmations ultra solides en piochant dans ce qui se fait de mieux sur la scène techno française, pour notre plus grand bonheur.
Mention spéciale à l’édition du 14 juillet qui nous a fait vibrer toute la journée sous le soleil et la pluie avec une prestation XXL de Cassie Raptor qui a enchainé bangers acid avec des drops à profusion suivi d’un bours? déchainé qui a encore confirmé son style avec des edits déjantés et des kicks secs qui ont retenti dans tous les Docks de Paris.
Si le samedi le carnage commence d’entrée, le format de l’événement rassemble before et soirée en commençant dès 16h pour les plus vaillants guerriers. Et c’est ça l’idée de Border City, une terre d’accueil pour type de fêtard, que ce soit pour boire un verre et repartir, danser 16 heures d’affilée ou arriver à 2h du mat’ la Border accueille tout citoyen hédoniste et amoureux du son. Son aspect « fête foraine » qui a été parfois décrié est à notre sens une de ses forces, parce qu’au final la Border était un peu notre colonie de vacances à une heure de transports de chez nous. À Border City on n’aime pas se prendre au sérieux et on demande juste à retrouver cet esprit bon vivant de l’été qu’on nous a ôté pendant plusieurs mois.
Dimanche : la belle vie à la sauce Dure Vie
Après déjà plusieurs semaines de folie continue, une grosse nouvelle est annoncée pour tous ceux qui pouvaient trouver que Border City c’était « trop techno » : Dure Vie comme pilote de votre dimanche après-midi. Que ce soit pour les déçus d’un week-end trop sage ou pour les plus vaillants qui ne veulent pas en finir, la structure parisienne, éminente dans le milieu de la House vient apporter sa patte pour clore le week-end en beauté.
Et pour le coup Dure Vie n’y est pas allé de main morte : Folamour, Mezigue, Mad Rey, Marina Trench, Hugo LX, Bellaire, Dj Steaw, Jeremy Underground, Herr Krank. Chaque événement donne une raison de poser son lundi matin tant la programmation donne son lot de surprise. On imagine le sourire de l’équipe Dure Vie à l’idée de la reaction du public. Cette résidence à Border City était la cerise sur le gâteau. On se souviendra notamment de la date de Folamour et son closing phénoménal qui a soulevé une foule bouillante pendant la canicule.
Une adaptation à toute épreuve
Alors que l’espoir d’une fête débridée commençait à pointer le bout de son nez, la dure réalité sanitaire est venue casser l’élan d’enthousiasme général. La préfecture ayant renforcé le protocole sanitaire, l’équipe de Border City a dû fermer les portes de cette ville magique pour mieux préparer son retour. Force est de constater l’adaptation éclair des organisateurs pour permettre à Border de retrouver ses fêtards dès la semaine suivante.
Malgré les surprises qu’ont pu causer l’obligation du port du masque et des fouilles très poussées, il semble important de rappeler le contexte dans lequel se déroulait ces sauteries : alors qu’à peu près toutes les villes de France ont fermé les possibilités d’organisation de soirées et de festivals, que même à Paris tout événement d’ampleur doit se tapisser dans l’ombre Border City, sous le feu des projecteurs, se devait de répondre aux exigences pour garantir la pérennité de son projet. Et nous savons que ces mesures exceptionnelles n’étaient pas prises de bon cœur. Au final cette adaptation a permis à Border de faire danser la capitale tout l’été dans un format complètement fou.