La Pépithèque #19 – HK
Pour ce nouvel épisode de La Pépithèque nous recevons le DJ parisien HK à la culture aussi variée que pointu qui nous transporte à l’origine du monde, sur le continent africain pour un mix qui explore tout le patrimoine africain. Attention aux coups de soleil !
HK, fondateur du collectif BPM et membre de Naufrage, est un jeune DJ très prometteur qui cherche à s’affranchir des codes dogmatiques posés par les genres électroniques. Fort d’une culture musicale colossale, le parisien a décidé de mettre l’Afrique à l’honneur pour nous emmener dans des terres encore peu valorisées dans la sphère électronique. On lui a laissé le soin de nous expliquer son choix :
Comme à notre habitude nous avons posé quelques questions à HK pour en connaître un peu plus sur lui !
La Pépinière : Salut Hamza, peux- tu nous en dire un peu plus sur toi, ton actualité ?
HK : Bien le bonsoir ! Du coup j’m’appelle Hamza, nom d’artiste HK, et je suis un DJ parisien, très axé sur la house saupoudré d’une pointe de techno, de lo-fi, d’acid, de tout ce qui me tombe sous la main. En fait, sur Paris en tout cas, on a une sorte de séparation entre “la house c’est pour les roof-tops avec un verre de Chardonnay » et “la techno c’est dans une warehouse en combi de guerre”. Un peu réducteur non ? Du coup je prends plaisir à mélanger, proposer des sets aux sonorités coréennes, congolaises, marocaines ou colombiennes, mixer des tracks violentes et engagées avec des tracks un peu lo-fi, par exemple. Donc bon, mon actualité c’est m’amuser, proposer et faire kiffer, pour le moment. J’ai longtemps cherché un crew, j’ai eu la chance de trouver ma place à la Pépinière récemment et ça fait du bien.
« On a une sorte de séparation entre “la house c’est pour les roof-tops avec un verre de Chardonnay » et “la techno c’est dans une warehouse en combi de guerre”. Un peu réducteur non ? »
Comment es-tu tombé dans la musique électronique ?
Ma première vraie claque, je pense que c’était sur MTV et la première diffusion du clip “Stress” de Justice. A la base, je baignais dans le rap et là, je ne sais pas, je me suis mangé une tarte de l’espace. Je comprenais pas comment un son pouvait me foutre autant l’angoisse, et ça m’a vraiment fasciné. Puis obsédé. Ensuite, je suis vite tombé dedans, j’ai découvert la French Touch, les Daft, DJ Mehdi, tout le taf du label Ed Banger et ainsi de suite.
D’où tires-tu tes inspirations ? Quelles sont tes influences ?
Je ne suis pas un DJ technique, en fait je ne vois pas l’intérêt de sortir des transitions de l’espace sur 18 pistes différentes. Pour moi, l’essentiel tient dans l’énergie et la transmission d’un mood, d’une émotion. De ce fait, ce que je fais est très influencé par le travail d’artistes comme Mall Grab ou Floorplan pour l’émotion, The Blessed Madonna ou tout le label S.C.D.D pour l’énergie. Après, j’ai été bercé par la musique arabe, donc Oum Khalthoum et sa voix divine c’est du carburant pour moi, dès que j’ai une panne j’écoute et tout de suite ça m’aide. Vraiment, écoutez fort “Enta Omri”, ça change une vie. Pour le reste ça peut varier, la house du continent africain ou sud-américain c’est toujours une valeur sûre d’inspiration de toute manière ! Tout dépend de mon mood finalement je pense haha.
Quel regard portes-tu sur la scène parisienne ?
Un peu mitigé. En fait je trouve que la scène bouillonne comme pas possible et de plus en plus. C’est très inspirant, y’a de la nouveauté partout. Mais en parallèle, la scène parisienne a le cœur fermé. On se ferme à des styles, ça manque vraiment d’une forme de solidarité. Quand on voit des collectifs se tirer des balles en cachette, je sais pas, perso ça me fait mal au coeur. On est là pour donner du plaisir, finalement pourquoi se prendre autant au sérieux ? Et puis, de mon regard de petit artiste de quatrième division, rares ont été les mains tendues. Je compare ça à des villes comme Manchester ou Berlin, ou même en province comme Rennes ou Marseille, et je trouve ça vraiment dommage à quel point DJ et indépendance, bah c’est dur à vivre sur Paris. Mais soyons optimistes, ça évolue pour le mieux et tant mieux !
« C’est difficile à accepter, mais faire du son c’est presque devenu quelque chose de bourgeois. »
Tu es le fondateur du collectif BPM, tu peux nous en dire un peu plus ?
Avec des copains, on a créé ce collectif parce qu’on avait faim de musique. C’est une association étudiante, l’idée étant de démocratiser l’accès à du matos pro. Je n’apprends rien à personne, mais ça coûte une blinde, conclusion on loupe forcément plein de talents, juste parce qu’ils n’ont pas les moyens. C’est difficile à accepter, mais faire du son c’est presque devenu quelque chose de bourgeois. Avec le temps, et les gens qui nous ont rejoint, on a commencé à vouloir donner une nouvelle image de la musique et la culture électronique, montrer que ce n’est pas qu’une musique de drogués, ou de soirées. On fait des DJ set pour lever des fonds pour le Sidaction ou le Téléthon, on s’associe avec des monuments parisiens pour des projets communs. Bref, casser les codes, ça nous tient à cœur.
Quels sont tes prochains projets ?
Avec le collectif BPM, on monte actuellement un DJ set en collaboration avec le Panthéon, sous un angle de vue assez inédit. Le projet sort en mai et sera suivi de la première exposition sonore de musique électronique dans un musée sur le bassin parisien. On souhaite également se lancer dans une série de podcast sur le milieu de la musique électronique, et faire un portrait varié et hétéroclite de notre époque, à travers ce genre musical qu’on aime tous. Avec mon second collectif, Naufrage, on va également proposer cette fois dans un autre mood des évènements écoresponsables, mêlant conscience écologie et grosse techno des enfers. D’un point de vue perso, la compo ça ne m’intéresse pas, je souhaite juste transmettre de l’émotion, de l’énergie positive. Ce serait déjà un honneur que de faire cela.
Si tu pouvais faire résonner un morceau dans le monde entier, ce serait lequel ?
Instinctivement, je pense à “Save Me” de Skin on Skin. En fait, la track est magique parce qu’elle se place partout. Je l’ai entendu en banger, en fin de set, même en intro. Y’a quelque chose d’hyper sensuel et de doux, mélangé avec un kick qui donne envie de se casser sur la piste. Ouais, ça résume tout ce que j’aime, finalement : douceur et punch ! Merci pour l’interview les copains !